Les stories sont une chance pour les médias… mais ils ne le savent pas encore par Jonathan Le Borgne @__jonAtan

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L’une des principales difficultés des métiers du social media reste la nécessité de s’adapter en permanence. Les réseaux sociaux changent tous les jours : les codes varient en fonction des fonctionnalités qui apparaissent, de l’actualité, ou encore des modes initiées par les influenceurs. L’arrivée des stories et les préjugés qui les accompagne sont un nouveau pas dans l’acculturation du social media dans les entreprises.

Les stories ne sont autres qu’une fusion combinant les capacités technologiques des smartphones et les outils multimédias mis à disposition (vidéo, photo, audio, texte), le tout enrichi de palette riche et créative pour les utilisateurs même les moins avertis : ajout de filtre, de dessin, d’emoji, d’icônes et autres effets superposables. Chaque contenu devient une expression artistique, personnelle et unique.

On croyait les réseaux sociaux morts mais ils n’ont jamais été aussi générateur de contenu et d’interactions.

Avec le stories nous entrons dans une nouvelle ère. Les internautes ont modifié la façon dont les gens interagissent avec la technologie : les requêtes deviennent visuellesles smartphones n’ont jamais été aussi accessibles, il devient facile de produire des vidéos de qualité et rapidement diffusables. Pour le milliard d’humains connectés, dont certains ne savent ni lire, ni écrire, ils n’auront même plus besoin demain de taper sur leur clavier pour communiquer. La voix suffira.

Les stories sont en passe de devenir un nouveau flux de dépêches d’informations citoyennes.

Des opportunités à développer au sein des salles de rédaction

Sur le papier, l’émergence de ce format est une opportunité pour les médias. C’est une façon de toucher un nouveau public, plus jeune, plus mobile et de manière plus personnalisée. J’y vois deux opportunités à court terme.

→ Opportunité numéro 1 : découvrir et capitaliser sur le contenu généré par l’utilisateur (ou comment faire du social listening avec Snapchat et Instagram)

Les stories sont une nouvelle forme de partage et leur succès repose sur la diversité des formats et l’originalité des contenus. Les stories sont un flux continu d’informations en temps réel aux quatre coins du monde. Ce rythme constant crée une nouvelle ère de journalisme citoyen car les histoires sont racontées d’un point de vue individuel avec un angle local et personnel, le tout en mode public. En ce sens, les stories sont en passe de devenir un nouveau flux de dépêches d’informations citoyennes.

C’est d’ailleurs sur Snapchat que la CNN a détecté un flux important d’échanges d’information lors de l’attaque terroriste à Paris. Un bel exemple d’UGC innovant et hyperlocale : via la carte de Snapchat, c’est de là qu’ils ont pu avoir des images exclusives. Cela représente une chance pour les régions à forte densité pour détecter des informations avant même qu’elles ne deviennent virales.

La carte de ses amis Snapchat permet de détecter des activités fortes et de repérer ses amis

Instagram s’améliore aussi dans ce sens. Avec la possibilité d’épingler un hashtag à une story, il devient facile de retrouver dans les dernières24 heures des images/vidéos liées à un événement. Il est tout aussi facile de s’engager avec le créateur du contenu. Pour l’exemple, les premières images d’explosion au concert d’Ariana Grande en 2017 ont été obtenues par la CNN via la fonctionnalité de localisation Instagram.

Exemple de contenus repérés via la fonction de localisation d’Instagram : une vidéo devant le pont effondré à Gênes le lendemain de l’accident et une vidéo du concert de Beyoncé à Ford Field

En ce sens, Facebook et Twitter se ringardisent. Là où la veille n’est pas toujours la plus pertinente sur Twitter et Facebook, ces nouvelles plateformes apportent leur lot de contenus importants pour une rédaction.

→ Opportunité numéro 2 : produire ses propres histoires

Les stories apportent une nouvelle façon de raconter l’information, mais à l’unique condition d’avoir une approche éditoriale différente. Écrire un article pour le site pour plaire aux moteurs de recherche est très différent de rédiger une story pour Instagram.

La narration vidéo est un processus méconnu dans de nombreuses salles de rédaction. Avant sur YouTube ou Netflix, les vidéos étaient regardées du début à la fin. L’expérience était relativement simple mais passive. Désormais, la vidéo est devenue verticale et l’internaute a désormais le contrôle du récit et de la vitesse à laquelle il peut suivre l’histoire. Un changement radical.

Il existe plusieurs principes clés pour créer des stories efficaces :

→ Le suspense : il n’y a pas de contenu plus engageant qu’une histoire dont nous ne connaissons pas l’issu. Exemple typique du match de football dont le suspens retient le spectateur. C’est autant plus engageant lorsque le journaliste sur place incarne la story et ne sait pas lui même ce qu’il va se produire. L’immersion est totale.

 L’exclusivité : ne transposez pas du contenu de votre site vers les plates-formes sociales. Il ne faut pas chercher pas à faire l’économie d’effort. Chaque plateforme réclame du contenu original. C’est la meilleure façon de capter et de fidéliser son audience.

→ L’âme artistique : les réseaux sociaux ont leur propre code. Prendre la parole sur Instagram oblige à connaître l’utilisation des emoji et autres fonctionnalités. Chaque stories est une expression unique.

→ L’incarnation : voir toute l’expression et la personnalité du journalistes est vecteur d’engagement. C’est ce qui motive les internautes et donne du poids à la stories

→ La régularité : les stories durent 24 heures, quand un post Facebook ou Twitter ont des durées de vie plus courtes. Il n’est pas contraignant de reposter des photos/vidéos. Les contenus ne sont pas soumis à un algorithme (ou presque). Mettre à jour régulièrement ses stories fidélise l’internaute.

→ Annoncer : le cross plateforme existe. Il n’est pas rare de produire une story et de faire un renvoi vers le site web, si et seulement si le contenu est long (reportage, vidéo, etc)

→ Engager : les fonctionnalités sont nombreuses pour entrer en interaction avec son audience. Il faut lui permettre de rester le plus longtemps possible et de suivre la stories jusqu’au bout

→ Le cadrage vidéo : la vidéo verticale a repensé les codes de la captation vidéo. La composition est différente ; l’interlocuteur doit regarder l’écran. Il y a une démarche plus intime avec l’internaute.

De la difficulté de créer du contenu original pour chaque plates-formes

C’est toute la difficulté. Ces plates-formes sociales repoussent les médias vers ce qu’ils sont réellement, à savoir des éditeurs avant d’être des médias. Et avant de penser la présence sur ces plateformes, il apparaît nécessaire de penser contenu.

La règle veut que des stories différentes doivent être créés pour Snapchat et Instagram. Une partie du contenu peut être réutilisée mais il est important de les différencier car chaque plateforme détient des propres fonctionnalités, ses propres codes, ses forces, ses faiblesses et ses inconvénients.

SourceJonathan Le Borgne (Medium)
Jonathan Le Borgne
Social media marketing manager à Ouest-France. Je contribue au rayonnement de Ouest-France sur les réseaux sociaux depuis près de 3 ans.

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