Uberisation : mythe ou réalité de la transformation digitale

L’image est dans toutes les mémoires. Elle fut même projetée par David Shing (@shingy) le 5 novembre au SAS Forum qui s’est tenu au palais des congrès : « vous y allez les gars ! »

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Uberisation : arrêt sur image

L’image est dans toutes les mémoires. Elle fut même projetée par David Shing (@shingy) le 5 novembre au SAS Forum qui s’est tenu au palais des congrès : « vous y allez les gars ! » S’est exclamé le « prophète digital » australien (sic) d’AOL. « J’aime bien ça ! » : il a dit cela car il est atypique, mais les critiques contre la France, dont la violence de rue n’est plus à démontrer, ont fusé. Ceci, même si les luttes ont eu lieu, parfois aussi violemment, dans tous les coins du monde. Et le truculent et excellent Maurice Lévy d’en profiter pour parler d’une réalisation du monde. Et que faut-il en penser ?

uberisation - uber - Paris

Uber uberisée par la violence des chauffeurs de taxi en juin 2015 (photo Europe1)

Le spectre de l’uberisation a mis la trouille à tout le monde mais la peur n’évitera pas le danger

uberisationCeci me rappelle les débuts du Web, ou les évangélistes décrivaient les nouveaux acteurs de l’Internet naissant comme les « hordes barbares » qui tels Attila supprimeraient tout sur leur passage. En 96, on ne donnait pas cher de la peau du commerce physique ni des rues commerçantes, et encore moins des banques que Bill Gates traitait de dinosaures. 20 ans plus tard, les choses n’en sont pas tout à fait là, mais beaucoup a changé depuis. Je n’ai jamais été un fan de ces exagérations, et je ne me sens pas non plus très enthousiaste quand j’entends parler d’uberisation. Pourtant, tout cela n’est pas (complètement) faux, même si c’est simplificateur. Mais au-delà de cela, c’est surtout qu’il y a toujours la même idée, archaïque et bien ancrée dans les têtes, que l’économie est un jeu à somme nulle.

Or, la réalité est bien plus complexe, et bien éloignée de la simplicité de ce jeu gagnant / perdant. Mon côté optimisme tend plutôt à m’intéresser à  un jeu gagnant-gagnant où ceux qui perdraient (conditionnel de mise) leur job, pourraient très bien en profiter pour se former, apprendre, évoluer, changer de spécialité, voire même créer, inventer, entreprendre. Certes, mais ces bouleversements sérieux qui sont en cours et que l’on ne peut pas forcément ramener à une société de taxi, ne vont pas simplifier les choses pour les moins qualifiés d’entre nous.

L’uberisation, énième symptôme d’une discussion de sourds

C’est que cette uberisation est le symptôme d’une discussion de sourds qui perdure depuis 20 ans. D’une part les technolâtres qui pensent, il en est, qu’il faille mettre la peur au ventre au vulgum pecus en croyant que c’est là un arguberisation - économieument de vente. Souvent les prédictions hâtives et exagérées (ne tenant compte ni du temps long de l’économie, ni des corrections régulières de la bourse) de ces apôtres de la « disruption », souvent démentis par les faits comme l’a démontré Joanne Jacobs, se prennent une claque dès qu’une bulle a un peu trop grossi. Alors l’exagération se retourne contre eux. Nous avons déjà vécu cela une ou deux fois, et sans doute que l’éclatement de la bulle, qui ne manquera pas d’arriver un de ces jours, viendra nous le rappeler.

De l’autre côté, les goguenards qui ricanent en écoutant les technolâtres sus-cités, qui savent que les faits sont têtus et qui voient bien le monde qui change – quand même – mais qui préfèrent que le monde les change plutôt que de changer le monde. C’est moins risqué, du moins à court terme, et comme me le faisait remarquer le DG d’une grande institution que je ne nommerai pas  » que voulez vous qu’ils se risquent à changer quelque chose ? Ils ont bien compris mais ils sont prêts de la retraite. Ils n’ont pas envie de reclasser massivement des personnels pour ensuite se prendre un coup de fil de Bercy« .

La vérité de la transformation digitale est ailleurs

En témoignent de nombreux travaux déjà menés sur des secteurs divers (la banque, les experts-comptables, les télécom, autant de métiers qui sont tous à leur manière bouleversés) on retrouve à chaque fois les mêmes ingrédients : réglementation/déréglementation, organisation du travail, aspirations contradictoires des populations et des marchés et enfin, cerise sur le gâteau, spécialisation des nations sur leurs points forts économiques (à l’image du concept des avantages comparatifs développé par Ricardo). Tels sont quelques-uns des points les plus fréquemment rencontrés sur la scène économique actuelle. Et le « digital » (« car celui-ci reste difficile à délimiter précisément) dans tout cela ?

uberisation Visionary Marketing Yann Gourvennec
uberisation et rupture / dessin par @vismktg visionary marketing cc 2015

Le terme de consommation digitale est probablement impropre, on devrait parler de transformation avec le digital, ce digital qui n’est pas la cause unique de ces ruptures mais qui en est indéniablement l’accélérateur et le facilitateur. Les philosophes, à l’instar de Bernard Stiegler, parlent de Pharmakon, ce remède qui est aussi un poison. Qu’on me permette de me focaliser sur le remède et de mettre d’accord technologues et techno-sceptiques. Il est possible d’inventer les jobs de demain, il ne tient qu’à nous de le faire. Pour cela j’interviendrai à l’IAE à Paris  sur ce thème (à une date qui sera précisée ultérieurement sur ce blog) et je développerai 7 points, 7 injonctions paradoxales qu’il va nous falloir comprendre et avec lesquelles nous allons devoir vivre, pour mieux appréhender les changements en cours et rester positifs.

 

Sourcehttp://visionarymarketing.fr/
Yann Gourvennec
Yann Gourvennec a une forte expérience en Marketing & Innovation. Il a créé le site visionarymarketing.com en 1996. Visionary Marketing est devenu une agence de Web Marketing en 2014. Ses champs d'action sont la transformation digitale, le content marketing et le marketing digital.