La magie dévastatrice de tout évaluer avec des chiffres par @olivpetit

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Ce que nous évaluons au quotidien est ce qui compte à nos yeux, l’objectif étant d’obtenir toujours plus.

Les chiffres sont la base de l’évaluation, parce qu’ils sont faciles à comparer.

Les chiffres sont évidents. Ils sont là. Et personne n’y peut rien.

Les chiffres sont donc LE problème.

Les revenus d’une activité sont faciles à comparer, et nous tombons tous dans le piège de croire que les personnes qui gagnent plus d’argent sont meilleures, plus heureuses, ou pire encore, plus dignes de respect que les autres.

Les réseaux sociaux sont telle une arène romaine, où chacun exhibe ses chiffres à la figure de l’autre, pour finir déchiqueté en morceaux et lâché en pâture aux lions.

Le CV d’un manager sur lequel n’apparaît aucun accomplissement assorti d’une augmentation significative d’activité (chiffres à l’appui), aura peu de chances d’être retenu.

Regardez les évaluations sur les sites marchands, la plupart des articles mis en avant se targuent du suffrage unanime des internautes avec 5 étoiles. Si tous les produits ont 5 étoiles, cela ne signifie plus rien. On atteint les limites d’un système.

Faut-il créer plus d’étoiles ? Faut-il remplacer les étoiles par des cœurs ?

Réfléchissons un instant.

Que signifie « pour gagner » ? Est ce que l’analyse des chiffres est le meilleur moyen pour influencer, de manière significative, les résultats que l’on veut obtenir ?

Gagner des followers, gagner un meilleur salaire, gagner plus de ventes, gagner plus de visiteurs, etc…

Le film qui a nécessité le plus de travail est-il celui qui a remporté le plus gros succès commercial ?

Est-ce que le film qui a suscité le plus d’avis positifs est celui qui aura le plus d’impact ?

Le budget d’un film est-il un indicateur fiable sur sa rentabilité ?

D’où viennent les évaluations sur un site web ? Sont-elles un baromètre marketing de vos objectifs ou sont-elles une réaction aux changements que vous proposez ?

De manière paradoxale, un bon livre ou un bon film obtiendra plus de commentaires négatifs qu’il devrait, juste parce qu’il est populaire et attire donc plus de personnes. Y compris des personnes à qui votre travail ne s’adressait pas initialement. Plus on souhaite s’adresser à tout le monde et ratisser large, moins les évaluations sont pertinentes.

Tous les ans, reviennent les chiffres sur les taux de réussite au baccalauréat. La meilleure façon d’augmenter ces chiffres est d’abaisser le niveau du baccalauréat.

Ce qui pose un problème à de nombreux étudiants qui se voient refuser l’entrée à certaines écoles avec des notes exceptionnellement hautes.

Quand nous perdons la trace de ce qui est important au profit de ce qui est mesurable, l’échec est certain.

Seuls les bons chiffres comptent.

Au siècle dernier, Henry Ford avait compris qu’il fallait d’abord jouer sur les coûts de fabrication pour construire une voiture moins chère que tous ses concurrents. La course à la réduction des coûts de production pervertit toute l’activité, en la dépouillant de sa substantielle moelle, comme l’assurance que les personnes transportées soient en sécurité.

Certaines marques automobiles préfèrent mettre en avant leurs résultats de crash test Euro NCAP, plutôt que leur catalogue d’options disponibles.

Pour certains agriculteurs, le rendement est le secret du succès, au point que la seule donnée importante est le ratio rendement/tonne.

Pendant que d’autres gardent à l’esprit que ce qui constitue l’origine de leurs profits est la qualité nutritionnelle, la saveur et le goût de ce qu’ils produisent.

À travers l’internet des objets, l’évaluation des performances des êtres humains va devenir constante, jusqu’à l’oppression contre-productive.

À quel moment les entreprises vont-elle obliger leurs collaborateurs à porter un bracelet pour monitorer leur vie ?

Lorsque vous évaluez les mauvaises choses, vous obtenez de mauvais résultats.

Ce n’est pas parce que la mesure est précise qu’elle est juste.

Si vous ne mesurez que le nombre de visiteurs sur votre site internet, sans tenir compte du nombre pages vues, du temps resté sur chaque page ou de la profondeur d’exploration. Vous passez à côté de l’essentiel.

Conclusion : Oublions les chiffres

Si vous choisissiez les critères d’évaluation sur des bases qualitatives, émotionnelles ou affectives, il est probable que cette orientation produise des résultats aussi exceptionnels qu’inattendus.

En consacrant plus de temps à déterminer ce qui compte vraiment, et en étant moins obsédé par les chiffres qui font notre quotidien, votre activité sera plus saine, plus durable et plus humaine.

Article publié initialement sur LinkedIn le 16 août 2018 par Olivier Petit

SourceOlivier Petit (LinkedIn)
Olivier Petit
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