Article écrit et rédigé par Adeline Arénas pour Digischool

ELLES SONT JEUNES ET ENTREPRENNENT – Aurélie Jean est scientifique, codeuse et fondatrice de l’entreprise In Silico Veritas. Son but : promouvoir la diversité dans les filières scientifiques et numériques. A l’occasion de son intervention à l’AdaWeek, qui sensibilise les jeunes filles à ces domaines, nous l’avons contactée pour en savoir plus sur son parcours, ses objectifs et ce qui l’anime.

Vous êtes codeuse, mais vous avez travaillé dans le biomédical et à présent en finance. On entend peu parler de ce mélange des disciplines. Pouvez-vous raconter comment vous y avez été amenée ?

J’ai réellement découvert l’interdisciplinarité quand je suis arrivée en 2009 aux Etats-Unis, pour continuer ma carrière de chercheuse. En effet, je programme depuis mon doctorat en mécanique numérique et sciences des matériaux, mais ce sont des chercheurs en biomédical certains avec un doctorat de médecine qui m’ont embauchée aux US pour mon premier contrat ! J’ai eu la chance de travailler pendant 7 ans sur le cœur (Université d’État de Pennsylvanie et MIT) et le cerveau humain (MIT). Les Américains sont très ouverts et ont vu la valeur ajoutée de mon profil dans leurs disciplines. Après 7 années riches et intenses en biomédical numérique, j’ai commencé une nouvelle aventure numérique dans le milieu de la finance chez Bloomberg à NYC. Je contribue à rendre la finance plus transparente, en développantdes outils mathématiques et numériques pour délivrer de l’information économico-financière pertinente aux acteurs mondiaux de l’industrie financière. Je démontre par mon expérience que le code informatique est au cœur de beaucoup de disciplines ! Selon moi, le mélange des disciplines va devenir de plus en plus évident avec l’explosion du code informatique !

Qu’est-ce qui vous passionne dans votre métier ?

C’est étrange, mais le mot passion me fait un peu peur. La passion est selon moi un état de perte de contrôle, de perte des réalités peut-être, mais je comprends absolument ce que vous entendez par votre question ! Ce qui m’anime au quotidien ? L’idée de pouvoir changer les choses, d’avoir un impact sur les gens, la société… Je pense avoir trouvé avec le code informatique le moyen de parvenir à cet objectif : modeler la société de demain pour un monde meilleur pour tous. Et je n’ai pas fini ! J’ai utilisé le code informatique en ingénierie, en médecine, dans l’éducation et plus récemment en finance. Je souhaite plus tard utiliser le code en sociologie, dans l’agriculture… tellement d’opportunités !

Vous avez fondé In Silico Veritas en août 2016. En quoi consiste ce projet ?

Quel projet ! Je travaille depuis plus de 2 ans déjà sur la communication des sciences et des nouvelles technologies au plus grand nombre, ainsi que du code informatique auprès des jeunes filles et femmes. Il y a un manque de diversité critique dans les milieux des STEM et de la Tech. Les choses n’avancent pas assez vite, et j’ai compris comment je pouvais influencer les tendances en m’inspirant très fortement des actions du MIT. J’ai décidé de devenir un role model pour les jeunes filles et femmes, et une ambassadrice du numérique ! En effet, je souhaite aussi redonner confiance aux gens dans les nouvelles technologies et les sciences, qui souffrent trop souvent et injustement d’une mauvaise presse, développant chez les gens une peur paralysante. In Silico Veritas va bouleverser les tendances, accrochez-vous ! Promouvoir les sciences, les nouvelles technologies et la diversité est sa mission numéro un !

Qu’est-ce qui vous a poussée à fonder cette entreprise ?

Une très bonne amie, l’une de mes mentors (la célèbre Dr. Tara Swart), m’a dit il y a 2 ans exactement que je devais lancer mon entreprise pour officialiser mon action, la rendre plus forte… À l’époque j’ai rigolé en levant les yeux au ciel. Et me voilà à présent à la tête d’In Silico Veritas ! Mon entourage, et en particulier mon meilleur ami Martin, ont été d’un grand soutien. Ils m’ont soutenue moralement… Fonder son entreprise est dur, et vous passez par des moments creux et des moments de doutes.

Vous êtes scientifique, codeuse et entrepreneure. Etre une femme et opérer dans ces domaines reste malheureusement rare actuellement. Est-ce que vous faites l’objet de préjugés, ou le point de vue des gens, et particulièrement des hommes, évolue dans le bon sens ?

Question complexe ! Les mentalités changent, mais pas assez vite, autant celles des hommes que des femmes ! Encore trop de personnes ont du mal à me croire quand je leur dis que je code, que j’ai un doctorat et que j’ai ma propre boîte. J’ai toujours pensé que les femmes scientifiques, celles qui codent et les entrepreneuses, avaient un rôle à jouer pour ce changement. Qu’elles devaient s’exposer davantage, parler d’elles, témoigner, afin de délivrer un message positif et visionnaire de leur discipline et des femmes, pour inspirer des vocations ou tout simplement faire rêver !

Vous devenez une véritable figure de « role model » pour les jeunes femmes. J’aurais aimé savoir quels étaient les vôtres ?

J’en ai trop ! Des femmes, mais aussi des hommes… Ils ou elles sont scientifiques, entrepreneurs, artistes, juges, journalistes… Ce qui m’inspire le plus chez mes role models, c’est leur liberté, leur liberté de choix dans leur parcours, leur vie personnelle, et leur disposition toujours redonner aux autres… Ils me donnent du courage par leurs actions, leur présence. Certains sont aussi des mentors, ils me conseillent, me donnent leur analyse critique et leur sentiment… que je value très fortement ! Ils sont principalement aux US. J’ai un role model important à mes yeux en France, c’est Delphine Remy-Boutang, qui a été la première en France à croire en mon message et à m’aider. Nous avons tous besoin de role models et de mentors pour nous guider, nous faire réfléchir par l’échange et le partage de nos expériences… Je suis moi-même mentor, et c’est toujours un moment émouvant d’aider les autres à naviguer dans ce tissu socio-professionnel parfois complexe, surtout pour nous les femmes. J’essaie également de participer aux manifestations visant à favoriser l’inclusion des femmes dans ces métiers. Cette semaine, j’intervenais à l’AdaWeek, une semaine entièrement gratuite et dédiée aux femmes dans les sciences et technologies. Cet événement ouvert à toutes permet à chacune, grâce à des débats, talks et ateliers, de rencontrer des professionnels et de s’approprier les outils et codes pour faciliter leur inclusion dans ces métiers encore trop représentés par des hommes.

Que diriez-vous aux jeunes filles qui veulent se lancer dans les sciences, le codage ou l’entrepreneuriat ?

Que les opportunités sont immenses ! Elles peuvent changer le monde, laisser leur empreinte dans la société de demain et pour le bien de notre civilisation ! Il y a de plus en plus de jobs dans les disciplines Tech, avec des salaires compétitifs et une forte stimulation intellectuelle. Les femmes combinent liberté intellectuelle et financière, si importantes selon moi pour leur épanouissement ! Le code informatique comme l’entreprenariat permettent aux femmes de s’organiser selon leur propre agenda, d’équilibrer leur vie à leur façon. J’ai récemment écrit un chapitre dans le prochain livre de Sébastien Bourguignon sur les startups, dans lequel j’explique pourquoi le code et l’entreprenariat sont une combinaison évidente, et qui peut apporter beaucoup aux femmes !

SourceAdeline Arénas pour Digischool
Olivier Petit
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